jeudi 5 avril 2012

INTRODUCTION AUX SÉRIES TEENAGE CANADIENNES



Lorsqu'on est calfeutré chez soi à siroter des litres de Contrex ( bénie soit cette eau) , c'est le moment idéal pour regarder des soaps américains avec rires gras enregistrés ( ou les aventures de familles latinos sous speeds ) mais aussi des séries pour pré-pubères romantiques tel Dawson où les protagonistes dissertent sur leur moindre émoi ( "La perspective de nous embrasser ne devait pas arriver" et autres lamentations crypto punk ) . Durant ce visionnage fascinant , j'ai découvert que la majorité des séries diffusées étaient réalisées au Canada . Le pays de Shania Twain est effectivement un véritable vivier de séries teenage comme Edgemont ou Degrassi.
Je remarque alors que toutes ces séries sont calquées sur le même modèle :

- Figures familiales acrobatiques ( consanguinité , famille recomposée , multiples divorces...)

- Ados à la vie sexuelle précoce ( dans Degrassi les filles tombent enceintes à 12 ans ?!)

- Intrigues tirées par les cheveux ( mais toujours prévisibles) où tous les problèmes du monde s'abattent brutalement sur des filles et garçons lambdas qui ne portent pas de prénom , mais des initiales ( Holly J , TJ , KC ...) , ça devait probablement être tendance au Canada au début des années 2000 .

- Stars d'un autre monde . De nombreuses séries invitent sans cesse des "guest star" qui sont de véritables coqueluches dans le pays mais dont le nom ne nous évoque rien sinon une vieille compile de country . Remarque qui s'explique par le fait que Justin Bieber et Taylor Swift n'avaient pas encore conquis l'Amérique du Nord à l'époque .

- Des thèmes "Skins" allégés en trashitude . Grossesse précoce , viol , troubles alimentaires , toxicomanie , les collégiens et lycéens cochent toutes les mauvaises cases pour faire exploser l'audimat . Imaginez un savant mélange d'High School Musical et de Skins .

- Toronto n'a jamais été aussi hype . Pas de doute nous sommes bien au Canada . La récurrence de vêtements en fourrure est importante , tout comme les brushing non identifiés . Pour éviter tout amalgame avec les lycées américains ( qui ressemblent tout de même beaucoup à leur version canadienne ) , les personnages citent régulièrement Toronto et Ottawa comme eldorado pour percer dans leur carrière de chanteur ( un hommage à Shania?).

- Des dizaines de saisons au compteur , avec plusieurs générations . Ces séries s'écoulent sur de très longs termes , la plupart des acteurs n'auront eu que cette expérience à l'écran . Degrassi nouvelle génération n'est autre que la suite de la série "Les Années Collège" où les anciens héros deviennent adulte dans cette suite dérivée ( l'un des ex élève est désormais directeur de l'établissement ). Les épisodes sont souvent très courts et scindés en plusieurs parties pour perpétrer le mystère.

- Des programmes addictifs . Les problèmes des ados canadiens sont très efficaces et tiennent curieusement en haleine , peut être est-ce du à ce regard d'élan larmoyant qu'ont la plupart des personnages , ou à ces longues répliques improbables que récitent ces derniers avec un naturel dérangeant .

Ces séries qui se veulent réalistes ne seraient elles qu'une satire fantasmée d'une bande de scénaristes à gilets de trappeur ( bonjour les clichés ) ? Pourquoi le Canada semble avoir le monopole du genre ? Est-ce une manière de riposter face à la toute puissance des Etats-Unis dans des séries plus adultes et moins sentimentales ? Le mystère reste entier mais une chose est sûre , les rediffusions de ces séries "meublantes" sans fin ne sont pas près de s'arrêter , et restent légitimement un plaisir coupable en attendant des programmes plus intellectuels .




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