mercredi 28 octobre 2009

Esagera Gustave ~ Première Partie *








Dans les rues de Paris , on s'éprend des imperfections ; de ces silhouettes spaghettis évoluant aux côtés de petits personnages de 90 cm : un spectacle qui ne cesse d'impressionner . D'un quartier à l'autre , c'est un autre décor , d'autres acteurs qui se profilent , dévoilant une autre facette de la ville . L'art domine , décelé presque au hasard : un tag au détour d'un dédale de métro , une affiche esthétiquement déchirée , révélant un art aussi innocent qu'imperceptible . La capitale s'essoufle par son abondance générale : trop de nouveautés , un snobisme glaçant ambiant , des talons aiguilles qui donnent le vertige ... il est bon de fuir ce Paris qui finit par nous irriter , ce Paris des cartes postales , à faire couper la tour de ce cher Monsieur Gustave ( Eiffel ) au sécateur . Prenez-en de la graine chers jardiniers globe trotters :


PIGALLE . PLAY BOY & FRENCH CANCAN


Pigalle . Royaume du sexe et de la démesure . L'antre grossière du Moulin Rouge et de proxénètes libidineux .C'est à perte de vue que s'étalent ces échoppes érotiques , ces boutiques aux enseignes pin-up , cet univers mêlant misère et pornographie comme tout moyen de survie . Un monde où chaque pas pourraît être censuré : une misérable vieille femme nous hèle , invitant à franchir ce rideau de velours renfermant les scènes les plus glauques de la ville . Dans ce climat de désolation règne aussi une atmosphère d'enchantement comme fixé dans le temps . Hors de l'urbanisation écrasante que les beaux quartiers n'ont pas hésité à adopter , Pigale étonne , voit défiler le monde , le véritable monde , dans toute sa cruauté et sa merveille . La réalité est insipide , affolante , nous inconforte . Mais le monde des apparences laisse enfin place à une remise au point , qui prête à réflexion . Les visages sont caricaturaux , démasqués , sans ces apparats artificiels qui hantent notre quotidien . Une bande de "grotesques" comme dirait Fellini . Le visage lisse de l'Avenue Montaigne provoquait mes baillements , voilà enfin ce Paris mélancolique , emprunt d'une dimension artistique , qui transperce vos songes comme un éclair percerait le ciel bleu : une belle claque visuelle .






Invasion Pékinoise & Art Maudit au boulevard Haussmann
Qui l'eut cru ? La Chine , terre du communisme et d'une profonde pauvreté est l'un des pays les plus friands du luxe , qui est ( apparemment ) moins cher en France . Des familles entières sortent des somptueuses Galeries Lafayette , exhibant fièrement des sacs plus lourds (griffés Vuitton , Prada , Dolce')... que leurs minuscules silhouettes . Le hall d'entrée "international" du grand magasin est assailli par une foule gigantesque aux yeux bridés , attendant dans l'espoir de détaxer ses achats ... Pourtant , le "monstrueux" bâtiment s'étalant sur des kilomètres provoque plus un sentiment de malaise que d'euphorie. Une orgie de bling bling , des mannequins tant étriqués qu'effrayants , des doreries et artifices jusqu'à saturation ... en période de crise et de hausse du chômage , l'endroit fait peine à voir , révolte presque. Surtout quand on apprend les investissements inutiles de la chaîne , dont son nouveau pseudo concept artistique " Antidote" . Un antidote ? Un poison pour milliardaires disons . Au lieu de soigner , cette galerie alliénise , nous donne la gangrène . Au bout d'un couloir laiteux se dévoile une galerie trop minimaliste , trop clinique . Une froideur contemporaine émane de ces oeuvres & installations pour la plupart incongrues. Vidéos d'autoroutes à différents intervalles , d'un asiatique en talon aiguille et torse nu qui gribouille une toile au fusain , d'un coeur de carpe qui continue de battre ou encore ces "travaux" qui laissent de marbre ( fond beige à plusieurs millions d'euros , matériel de chantier disposé négligemment ou collyre sous vitrine ) . Un grand vide règne , autant présent dans l'espace que dans le raisonnement de cette exposition apocalyptique .



PARIS C'EST AUSSI ...



* Des albums à prix sacrifiés , tout style confondu . Des premiers titres de Clark aux vinyles de jazz manoush , tout est possible . Gilbert Joseph . Boulevard St Michel .



* Un stand-up café . Rue du Marché St Honoré . Clientèle 1 ère classe pour cafés-clopes serrés bon marché , dans une ambiance cosy & dandy .



* Un trip Disney géant . Lapins cauchemardesques , créatures féeriques grinçantes , l'univers du gentil Walt prend des airs goth' sous le graphe du collectif 1800 . Une peformance murale bluffante à découvrir le long de l'Avenue des Champs Elysées .
* Un grand Soulage-ment : Du noir ,du noir , de "l'outre noir" comme dirait-il , à la fois violent et appaisant . Une incandescence obscure , une oxymore artistique à couper le souffle . Soulages au Centre Pompidou.




A SUIVRE : Des obsessions surréelles, des souvenirs de Fiac fictifs sur fond Nino Rota .










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