Street Art , mode d'emploi

Les graffitis , un patrimoine ? Mais oui !  Les artistes du bitume étonnent et détonnent , taguent comme des dieux mais pas que ...

 Photoshop dans le caniveau et bras d'honneur aux diktats . Les sublimes photos d'Angela Boatwright rendent hommage à la plus belle image du monde : La réalité , aussi brute soit elle.

Bourrelets apparents , jambes touffues et visage acnéique , les shootings de street wear auraient de quoi dégouter toutes fashionista proprette qui se respecte . "C'est la vraie vie  ma soeur " déclame Tony , photographe underground aguerri . Les paillettes sont remisées au vestiaire , avoir la classe ne passe pas que par l'apparence . Pourtant , le style de la rue semble être sensiblement classé en diverses catégories : outre la culture hip hop se sont développées quantité de sous cultures comme les accros au hardcore que l'excellente photographe Angela Boatwright s'est empressée d'épingler à son pannel de photos écumant les divers styles des êtres humains . " C'est pour montrer qu'on fait partie d'une tribu , explique Tony , la perfection , c'est l'apanage des cons , ce qui compte c'est la force d'esprit , le fait d'assumer nos faits et gestes , ce que l'on est " . Du culot et des idées , pour réussir dans la créa souterraine , une silhouette à 3000 €  et un cursus de dinosaure ne suffisent plus .  Le message apparait comme un soulagement : " Même si t'as raté ton bac et que tu ne t'habilles pas chez Vuitton , tout est possible" .

A New York , les concepts créatifs naissent comme des gangs formés au coin d'une rue : d'où l'exemple de Knitta , joyeux club de mordues de tricot pirates qui sévissent aux quatres coins de la ville avec fils avec aiguilles . Résultat , les lampadaires de Brooklyn ont tous un chandail cet hiver . Les campagnes américaines ne sont pas en reste : une armée de motards Russes y ont planté leur drapeau : Les Night Wolves . Une famille cuirassée qui a d'ailleurs inspiré un styliste du Vogue Hommes Américain pour une séance photo routarde . Le photographe Leigh Ledare s'est quant à lui invité à cette communauté le temps d'un reportage suintant saveur gazoil .

Mais comme dans tout monde , il y a une élite . Shepard Fairey en fait partie . Son nom ne vous parle probablement pas évidemment , mais passionne toute une génération d'adeptes de street art : en revanche , il suffit de Googleiser l'inconnu pour identifier ses oeuvres immédiatement  : dont plusieurs  campagnes d'Obama ( ouais , juste ça ) ; le nom de son label est de surcroit à l'image de l'artiste ( Obey Giant ! ) . L'autre "Géant" en la matière est sans conteste The Invader , dont l'arme principal est le graphisme du célèbre jeu vidéo des années 90 ( The Invaders ) que le designer s'obstine à imprimer dans le maximum de villes .

Un autre Ovni  , à la notoriété moins flagrante mais qui ne se ferait attendre : Mark Jenkins . Ses sculptures trompe-l'oeil ont de quoi attiser la curiosité des passants New Yorkais: vandales sans tête , clochards-poupées équilibristes : une performance aussi percutante qu'innovante .

De nombreux autres évadés des Beaux Arts investissent les bâtiments urbains comme les frères Os Gemeos et leurs dessins oniriques et épicés . Plus au Nord existent aussi d'autres "assaillants" : les Danois Husk Mit Navn ( Retenez mon nom ) et leurs créatures scato-sociales .

D'autres créateurs préferent l'Art d'intérieur : le concept  Space 1026 expose les dernières élucubrations des graffeurs , photographes du moment .

Les références sont infinies , mais je vous encourage vivement à lire ce pavé qui s'avère une bible du genre : Planète Street , pour de + amples informations ...