samedi 16 octobre 2010

EXORDE DE LA PEUR

hebergeur d'image

La nuit des morts vivants - Romero , ou le film d'horreur haute gamme


Durant ma courte existence la peur m'a souvent effleuré voire tétanisé avec un degré de stupidité et de rationalité variable . Des virus informatiques ( jusqu'à l'âge de 10 ans je m'enfuyais devant les messages d'erreur ) , lézards de komodo ( vous imaginez-vous face à ces réincarnations de dinosaures ? !! ) en passant par les lapins ( merci Monty Python ! ) ou plus tard d'avaler des sucres rapides ou d'apercevoir une blouse blanche , la simple remémoration de ces frayeurs discutables aide à prendre un recul intéressant sur notre "paisible" existence( malgré ses multiples rebondissements , la mienne l'est en définitive ).



Jusqu'en 2006 , Halloween représentait une journée unique tous les ans à mes yeux ( un côté américain caché ? ) , la preuve cet événement figure tous les ans dans nos albums photos familiaux , comme un rituel forcément immortalisé . Les fêtes avaient toujours des thèmes précis , des jeux d'enfer , un festin pantagruélique . Au programme : visionnage de la programmation de Canal J spécial horreur ( hum .?) : Chair de Poule , Amandine Malabul ou Fais moi peur . Racket sucré et dégustation de soupe au potiron suivi d'une veillée "Les Dents de la Mer" ( ce film a beau être fait en carton pâte , j'ai mis plusieurs jours avant de réenvisager le fait d'aller poser un orteil dans l'eau de mer) .
Cette fête est juste KIFFANTE . Comment légitimer le port d'un drap troué à l'emplacement des yeux ou d'un masque recouvert d'hémoglobine sans passer pour un demeuré ? Attendre le 31 Octobre . J'aimais parcourir ces rayons de magasins kitsch à souhait remplis de costumes monstrueux ( dans tous les sens du terme ) , entre panoplies SM ( plus enterrement de vie de jeune de fille que goûter de gamins mais bon ...) et attirails de geeks psychopates ( ou les répliques d'héros de cartoon aussi dégueux qu'onéreux ) .
La chasse aux "friandises" restait le moment le plus délectable . On classait les quartiers selon leur niveau de "terreur" , du pâté de maisons où rôdent des ouvriers ivres louches aux allées coquettes riches en desperate housewives prêtes à surgir avec un panier derrière leur porche . A un âge où le partage du butin est bien plus capital que la question de l'avenir , ce geste symbolique marque forcément les esprits . Le lendemain on a les yeux englués par des heures de dessin gothique nocturne ( si si ! ) , l'estomac noué ( rempli de bonbons non identifiés et de gâteaux aux colorants chimiques pour faire "louche" ). Plus tard on se surprend à errer à plus de 22h , seul dans les rues , semblant de délit à l'âge de 11 ans et demi ( pour l'époque peut-être ?) ... Et aujourd'hui ? Ces après-midis où la nuit tombait soudainement tôt , où après des heures de roller ( ma passion de l'époque ) j'allais acheter des kilos de créatures en gelatine et du papier crépon ( maison entièrement décorée ) se sont comme évanouies avec le temps. Il y a bien quelques réfractaires dans les rues mais c'est un fait : Halloween est devenu ringard , has been.






Tu as beau écouter The Horrors ou Fever Ray , revoir des vieux Griffiths ou Murnau en tournoyant ta cuillère dans un bol de soupe au potiron ( bis ) , la magie a disparu . Avec l'enfance peut-être ? Quoiqu'il en soit , l'esthétique "famille Addams" m'a toujours branché ( les robes de Mercredi Addams sont d'ailleurs chez Topshop aujourd'hui !). Le jeune prodige britannique Gareth Pugh semble également baigner dans cet univers sombre aux accents victoriens . Plus étonnant encore , la mode parisienne ancestrale tels Valentino ou Givenchy où la guipure et le noir tissent leur toile avec ce chic glacial auprès de l'aristocratie "option manoir aux candélabres" , mais pas seulement. Le look estampillé sorcière de luxe semble se démocratiser.






L'un des plus beaux hommage stylistiques à cette fête païenne serait peut-être celui de Luella pour l'hiver 2008 .



Il est vrai que Londres semble être l'une des vitrines les plus incontournables des cauchemars à emporter , ces panoplies diaboliques sur les podiums , ces boissons couleurs "potions" qui hantent les supermarchés , ou ces musées qui ne renieraient aucun train fantôme ( dont le célèbre Donjon de Londres et son musée des horreurs ) en sont la preuve , comme si l'âme de Cure rôdait toujours dans Picadilly ...






Côté musique , le groupe Die Antwoord remporte sans conteste la palme de l'effroyable , suivi d'une infinité de groupes de hard rock suivant les traces de Manson tout en cachant leur passion refoulée pour les poneys . En bas de l'échelle , les apprentis satanistes de These New Puritans dont le côté " Je lis du Edgar Allan Poe et fais des sacrifices de phacochère" reste totalement hypothétique .



Le cinéma n'est pas en reste mais j'éviterai de vous parler de Saucisses ( Saw6) . Le gore est bien à dissocier de l'épouvante , voire du thriller , de ce long métrage stressant qui n'empêche pas de dormir pour autant . Des bons films d'horreur récents ? C'est devenu rare . L'approche caméra à l'épaule dans la continuité du Projet Blair Witch de Cloverfield fonctionne très bien ceci dit ...


Les meilleurs longs métrages du genre ont des heures de vol : Le Fantôme ou Nosferatu de Murnau , Intolérance de DW Griffiths et ses acteurs flottant comme des spectres sous une lumière blafarde , mais aussi La Nuit des morts vivants de Romero au sublime noir et blanc , le Cabinet du Dr Caligari ( dont je me suis éclatée à recopier l'affiche pendant des années ) sans oublier l'iconique silhouette de la fiancée de Frankenstein qui n'a pas vraiment vieilli d'ailleurs.




Chaque année les blogs de mode épinglent des screen shots du film de Brian de Palma : Carrie au bal du diable. Je n'aime pas trop ce personnage à la morphologie anorexique qui me rappelle le fantôme de Karen Carpenter mais l'actrice Sissy Spacek ( déjà vue dans Badlands de Terrence Malick , film favori de Tim Walker ) excelle dans ce rôle haletant où la robe blanche virginale s'éclabousse de ce rouge vif qui a fait la marque de fabrique du film . Il y a également la toute première version d'Halloween , sous titré La Nuit des masques avec une très jeune Jamie Lee Curtis . J'aime son air ahuri en chemise liberty accompagné de ses camarades nunuches à souhait . C'est bien connu, les héroïnes de thriller ont des atours de gourde mais font pourtant preuve d'un courage incroyable .
Je clorai cet article par la mention d'une peur bien plus terrienne : celle de s'être embarqué sur le mauvais bateau , avoir emprunté le mauvais chemin , celui qui mène droit au fossé , au néant . Mais cacher ces angoisses derrière des histoires à dormir debout s'avère une meilleur option finalement ... Happy Hannoucca ?

1 commentaire:

Clémence a dit…

Interressant ...et touchant .Tu devrais peut-être -simple conseil très modeste- faire plus d'articles dans cette veine =) .