C'est instantanément le film auquel j'ai songé en découvrant cette série du dernier Vogue Italie , intitulée "The Black Allure" . Fidèle au caractère controversé de la bible de mode milanaise , cet édito pourrait facilement être considéré comme raciste . Il serait cependant judicieux de se pencher sur l'inspiration exacte de cette séance photo jazzy , qui rappelle la profusion artistique que fut l'Entre Deux Guerre de l'autre côté de l'Atlantique .
Le styliste Edward Enniful a voulu mettre en scène la Renaissance d'Harlem , quartier où se concentrait la majorité de la population afro américaine depuis l'abolition de l'esclavagisme . Ascension du jazz , floraison d'auteurs , les années 20 furent des plus prolifiques et sont d'ailleurs surnommées les années "rugissantes" ( Roaring Twenties en VO ) .
Emergence créative ( littéraire , artistique ou musicale ) mais surtout protestation contre le racisme blanc marginalisant la communauté noire , cette époque ne doit pas être occultée de l'histoire des Etats Unis . Mis en images par les sublimes couleurs d'Emma Summerton , cet éditorial met ainsi en scène les mannequins noires les plus en vue dans un ersatz du Cotton Club , mythique salle de concert et de bal où se produisirent Cab Calloway , Duke Ellington ou Louis Armstrong .
Arborant des toilettes rappelant l'élégance de Billie Holliday , ces panthères aux silhouettes déliées ressucitent un pan de l'histoire méconnu des Etats-Unis , dont le style iconique revient en force cette saison . L'occasion de revoir le bio pic de Sydney J Furry où Diana Ross campe une Billie Holiday éblouissante et tourmentée .
Je doute néanmoins que les femmes d'Harlem pouvaient s'acheter des créations Dior à cette époque , le défi aurait été d'autant plus intéressant si Enninful était allé piocher dans les surplus et fripes ... Mais à partir de là , l'esprit Vogue -associé au luxe pur - s'évapore ...
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