dimanche 29 avril 2012

Critique express : Trust





Vous me direz quelle idée d'aller regarder un film sur la pédophilie lorsqu'on est soit même déjà parano et désillusionné par le monde qui nous entoure ?  

Voyez-vous , je suis un être humain pétri de contradictions mais aussi captivée par la traque presque impossible de ce nouveau type de chasse aux monstres . Le film de David Schwimmer ( alias Ross Geller dans Friends) ressemble à première vue à un film de prévention sur les prédateurs sexuels sur le net . Mais le scénario prend ce drame à revers , s'invitant dans la dévastation progressive d'une famille unie et sans histoires. Le père d'Annie , remarquablement incarné par Clive Owen se sent lui aussi violé ( ses cauchemars qui suivent l'agression sont tout simplement insoutenables) . Outre les dangers du tchat , le film dénonce aussi la sexualité surexposée des adolescents du 21ème siècle ( l'une des marques pour lesquelles Clive Owen travaille ressemble étrangement à American Apparel , avec ses campagnes de "top less creepy kids" ) , les ados de 14 ans semblent biberonnés à Youporn     ( voir les discussions scabreuses de la petite fête à laquelle se rend l'héroïne )  et le langage cru d'Annie avec son nouvel ami Charlie n'est autre que la démonstration de l'effrayante précocité des collégiens d'aujourd'hui , qui en jouant les plus matures s'exposent plus que jamais au danger , en apparaissant comme les victimes les plus vulnérables. Annie n'a pas froid aux yeux , pense suivre un mouvement "cool" , un rite malsain et sans limites. 

L'interprétation la plus terrifiante est définitivement celle de Charlie , prétendu prince charmant et avatar favori des pédophiles , horriblement excité par l'enfance. Son air bienveillant et son regard presque paternel présagent le pire . Avant qu'il passe à l'acte , on espère encore tout , on voudrait qu'il se rétracte , on prie pour que sa "maladie" disparaisse afin d'épargner une autre victime jeune et insouciante , sur le point de détruire sa vie . 

A partir de là , quel serait le message du film sinon d'arrêter de dialoguer avec des inconnus sur la toile ? Beaucoup le savent et là encore la prévention n'est pas la motivation principale de ce long métrage sobre à l'esthétique proche de Schyamalan . En effet , le film ressemble étrangement à Signes , à la différence que l'envahisseur n'est pas un extraterrestre mais un pervers manipulateur et extrêmement bien organisé. Mêmes silences pesants , mêmes air dévastés ou affranchis , déconnectés d'une réalité difficilement surmontable , ces deux drames sur la perte ( deuil d'une mère pour Signes , perte de l'innocence pour Trust ) sont étonnamment similaires et se rejoignent sur une avalanche d’évènements tragiques.

La meilleure performance serait sans nulle doute celle de l'héroïne elle même , qui dans le déni , croit vivre une formidable histoire qui mue rapidement en cauchemar bien réel . 
Si on renifle pendant la quasi totalité du film , on n'en est que plus révolté au générique de fin ( pas de spoiler ) , et soudain pris d'envie de dégommer tous les pedobear de 4chan . A voir d'urgence avant de rencontrer Andy-cuteguy , 16 ans et toutes ses dents...

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