samedi 9 août 2014

C'était MTV


Le mois d'Août bien entamé, c'est l'occasion rêvée de rattraper l'intégrale de Summerland , mirifique objet télévisuel où les vacances sont aussi interminables et surréelles que la dentition trop blanche de Tante Ava, et où Zack Efron s'ébroue sur la plage à chaque épisode ( bon en fait je n'ai jamais réussi à terminer un seul épisode, on atteint des sommets de médiocrité sableuse). Rien de tel pour étoffer ta culture.





Tu peux aussi t''égosiller sur des tubes d'initiés  tels Soak of the Sun de Sheryl Crow ( le truc que tu sifflotes en achetant du liquide vaisselle chez Hyper U qui semble beaucoup apprécier la diva du coOuntry) ou autre merveille du genre comme cette chanson groovy qui me trotte parfois dans la tête quand je passe devant un Courtepaille, du rodéo suédois musical indispensable pour faire la tournée des stations service ( cf une ode aux stations essence à lire par ici si tu as beaucoup de temps à perdre):








Et puis il reste toujours ARTE. Ahh ARTE.. comme tous les étés, la chaîne franco-allemande humecte l'air du temps en consacrant la majeure partie de sa programmation à une thématique suffisamment vitaminée pour te tenir en haleine pendant 2 mois . 

L'édition 2014 est- évidemment- consacrée aux 90's, qui font leur grand retour depuis plusieurs saisons (suivant la logique du cycle des tendances).

Films de l'époque, documentaires de pop culture, concerts enregistrés, archives en délire... la conjonctivite est proche les amis. Même si je n'ai connu que la deuxième partie des 90's, je garde une trace particulière de cette décennie envolée, totalement bouleversée par les nouvelles technologies et notamment par l'explosion d'Internet. Un documentaire m'a plus particulièrement interpellé et illustre bien une partie de l'état d'esprit de cette période désormais révolue. Il tient en trois lettres: MTV. 

MTV,c'était la coolitude à son paroxysme, le rendez-vous diurne et nocturne qui projetait une certaine idée de la culture US à des années lumière de mon existence de razmoket caucasien déjà fan de Brandy et Aaliyah (pour plus de détails pour mieux comprendre le contexte " badass kidz" je te dirige vers cet article publié sur Flan Mag). Il faut rappeler qu'à l'époque* ( 95-2004), l'étalage de la richesse, la mode bling bling puis le courant porno chic étaient à leur apogée et planaient sans états d'âme dans les vidéos clip et publicités.


Certains programmes ont encore une résonance aujourd'hui et auguraient en un sens les mutations sociales et culturelles qui surgirent par la suite...

1. The Grind

The Grind, c'était une sorte de grosse fiesta dansante partiellement mise en scène, imaginée de toute pièce par MTV. Le concept n'a rien d'extraordinaire: une ribambelle de jeunes gens fort contents se trémoussent autour de piscines et terrasses ambiancées sur un mix vaguement euro dance, parfois entrecoupé de prestations d'invités de marque ( comme les Backstreet Boys s'il vous plait). Harmony Korine( et son Spring Breakers) aurait trouvé ça bien chaste et gentillet mais cette beach party factice du 20ème siècle avait un côté festif que je trouvais déjà risible et fascinant à la fois. Et puis Brandy y a fait une apparition et ça on ne manquerait ça pour rien au monde ( déhanchés historiques près du rocher  à Hawaï).

Allez viens triper près des palmiers (  avouons que cette vidéo a vraiment pris un sacré coup de vieux).




2. MTV Party Zone

Fin des programmes, c'est l'heure des redif de Julie Lescaut... C'était aussi le début des "party zone" et de ses enfilades de clips épileptiques de techno/ trance, symbole d'une génération foutraque et insomniaque. Des sons inégaux mais garants de nuits blanches toniques.



 





3. Next/ Dismissed

Attention ces deux émissions de haute volée sont peut-être un peu trop compliquées pour un QI moyen. Le concept? Trouver l'âme sœur ( ou juste un individu avec qui taper dans un paquet de chips au bœuf à la rigueur) en quelques minutes. Evidemment, cette grande entreprise verse souvent dans la pêche aux connards, pour notre plus grand plaisir. Avec le recul, on réalise que Next pourrait être  l'ancêtre TV des applications actuelles de "fast rencontre" ( tel Tinder) où l'on sélectionne ses conquêtes comme des burgers prêts à consommer, sur place ou à emporter( la métaphore se passe d'explications). 


Des échanges zapping réduits aux simples apparences et premières impressions. A la fois hilarant et navrant, le jeu présente bien souvent une belle brochette de beaux et belles gosses écervelés souvent mauvais perdants ( "He's such a jerk/ She's too fat anyway). Variante avec Dismissed où le "bachelor" élimine violemment ses prétendants d'un carton rouge et de cette fameuse phrase des plus lyriques: You're dismissed, qui remet en question les frontières de la télé réalité et de la mise en scène contemporaine de soi sur tous les plans. Heureusement pour nous dans la vraie vie, la partie n'est jamais vraiment terminée ( quoique ?).



Un aperçu de ce show édifiant ici






4. Pimp my Ride ( Xzibit version)

Que serait MTV sans sa mythique émission de tuning de luxe où toutes les fantasmagories de bolide sont autorisées. C'est le moment d'être audacieux : fais péter l'aquarium dans les accoudoirs en or massif, les enjoliveurs sertis de diamants, baffles sous le capot pour faire rugir ton moteur-tu vas trop faire un malheur pour un véhicule tape à l’œil pesant au final  presque plus cher que le PIB de la Roumanie. Tel était le crédo des 90's: le fric c'est super chic même si les heureux élus n'utiliseront le cabriolet et ses 3 écrans plats et piscine pour chiwawa sur la plage arrière qu'une fois par an grand maximum, pour parader fièrement dans le pâté de maisons/villas. Exhiber sa caisse flambant neuve proche du format d'un tracteur de milliardaire, c'est un rêve qui m'intrigue toujours. A noter que la version originale avec Xzibit est bien plus authentique que sa déclinaison française, plus frileuse dans les customisations méga outrancières.


Découvre des extraits par ici

5. CRIBS

Dans la lignée de Pimp My Ride, Cribs suit "l'exténuante" existence de célébrités américaines dans l'une de leur "modeste" villa et son parc à 60 hectares. Chaque épisode reprend toujours le même schéma ( semblant prôner l'esprit : Pose ton gun et viens mettre des chaussons Snoopy): l'hôte nous accueille l'air amorphe et blasé et nous fait visiter son havre de paix  d'un goût souvent contestable: peaux de bête à profusion pour la touche sauvage, fumoirs de style Playboy "Welcome to the Candyshop", tapisseries atrocement chères ( et atroces tout court), pièces aux dimensions démesurées et mêmes des œuvres d'art à leur effigie parce qu'on est jamais trop mégalo mec. La star est lessivée par son dernier massage et peine à retrouver l'une de ses dix salles de bains à moquette léopard,  échoue devant une salle miroir esprit "Roi Soleil" ( c'est moi le KING) avant d'aller manger un sandwich au beurre de cacahuètes dans une cuisine qui fait déjà la superficie de ton appartement. Elle nous explique le plus naturellement du monde qu'elle dispose de 6 garages et de 15 chambres mais qu'elle n'en est plus tout à fait sûr avant d'aller retourner dans sa pièce favorite: la salle de jeu où une dizaine de potes regardent un Tex Avery sur des fauteuils en vison. Ouais c'est la belle vie... AH Cribs...




Tu te demandes peut-être pourquoi j'ai employé le passé pour parler d'MTV dans le titre de cet article. Tout simplement parce que je ne regarde plus cette chaîne aujourd'hui, même si je suis apparemment toujours dans la cible des "téléspectateurs potentiels" ( 15-25 ans). Je ne vais pas te ressortir le refrain gonflant du "c'était mieux avant", la chaîne a juste désormais un écho différent ce qui est en définitive pas si mal puisqu'elle a sû s'adapter à son époque qui vit pourtant à un rythme effréné difficile à suivre. Le documentaire d'ARTE souligne d'ailleurs cette évolution intelligente à l'heure où Youtube a pris le relais du distributeur de clips.


Plus que quelques jours avant la disparition du documentaire: fonce !




Aucun commentaire: