Une vision maladroite et caricaturale d'un sujet sensible et plus que jamais d'actualité , malgré quelques passages plutôt justes.
Je suis tombée sur ce film dont je n'avais jamais entendu parler par hasard , au cours de mes pérégrinations sur papystreaming . Il s'agit en fait d'une production de la chaîne américaine ABC. Effectivement on ne peut pas vraiment qualifier ça de film , mais bien de téléfilm , tant l'enjeu cinématographique reste mineur . Pourtant Cyberbully ( dont le titre en VF est cette fois ci-fait rare- plus subtil) n'est pas non plus un navet en puissance , car il a le courage de laisser des questions en suspens , des questions qui ne trouveront probablement jamais de réponses.
Le film pourrait servir de support à une campagne sur le harcèlement scolaire . De l'autre côté de l'Atlantique ( et dans de nombreux autres pays développés) , on a pris le problème très au sérieux depuis des années ( la France étant particulièrement en retard sur ce point hélàs) , à renfort de campagnes de sensibilisation coups de poing , groupes de parole...
Mais la réalité demeure , comme un épisode géant de Made ( émission d'MTV où des "losers" d'universités américaines se lancent un défi personnel ) où l'on décèle bien l'affabilité feinte , l'hypocrisie des ados qui se révèlent de vrais tortionnaires hors champ .
L'histoire est assez vraisemblable . Une ado lambda , ni impopulaire ni star du lycée s'inscrit sans états d'âme sur un nouveau réseau social , une sorte de croisement entre Adopte un mec.com et Facebook .La première demi-heure est franchement nunuche et riche en gloussements , comme pour appuyer l'inconscience de l'héroïne qui tombe amoureuse du premier garçon imaginaire qui la complimente . On y croise tous les archétypes du teen movie de base : la pimbêche et sa clique , l'homosexuel malmené , le beau gosse sportif ... Mais très vite , c'est l'escalade et l'ambiance Pyjama Party s'avère de courte durée...
Le film tend réellement à nous faire nous demander : Pourquoi tant de perversité gratuite ? Et qui plus est de la part de personnes dont on accorde toute notre confiance ( ici la meilleure amie de l'héroïne , qui s'adonne à un double jeu des plus malsains) .
Les personnages les mieux esquissés sont curieusement les protagonistes secondaires : la meilleure amie aux deux visages ( incarnée plutôt sobrement par l'ado casse bonbon de Summerland souvenez vous ! ) , une autre amie ( ex de 15 A , décidément c'est le recyclage de série TV ) qui se révèle lâche par peur de devenir une cible elle aussi ( une posture plutôt bien représentée ) ou la mère de l'héroïne qui tente de mener un combat contre le cyberbullying . Une guerre impossible puisque le lycée ne peut pas intervenir sur les contenus en ligne .
La gravité des faits s'inspire de drames véritables : Vidéos retouchées dégradantes , insultes , rumeurs ...
La dernière moitié du film est sans doute la plus réussie , elle déverse les conséquences que le harcèlement "virtuel" entraîne dans le "monde réel" . Les lycéens , impitoyables et machiavéliques , se dressent contre l'héroïne sans réfléchir , la poussant à en finir . Et là seulement , quand la perspective de la mort survient , une prise de conscience beaucoup trop tardive se manifeste . Les bourreaux deviennent alors victimes de leur propre lynchage psychologique . L'issue est malheureusement trop téléphonée et édulcorée ( la rédemption est bizarrement ultra rapide malgré le degré de méchanceté ) et débouche sur un épilogue à nouveau cul cul la praline ( ahhh on rigole tous autour d'une table , on est tous amis , la vie est belle).
Un tel sujet polémique aurait dû être exploité par un réalisateur plus audacieux , l'adolescence restant un thème passionnant à raconter à l'écran . J'ai aussitôt pensé à Elephant ( de Gus Van Sant) , qui pourrait être une riposte dramatique à ce film , une vengeance d'outsiders qui n'ont pas trouvé d'autre issue que celle du carnage ...
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