vendredi 26 février 2010

- AN EDUCATION

Meringue géante imagée , Une Education est indéniablement un film friable , asticoté par de nombreux clichés et moments d'émotion un soupçon trop prévisibles . Pourtant , la frimousse de Carrey Mulligan suffit à nous convaincre , donnant au film une rondeur malicieuse très britannique , aspergée d'un 33 tours grésillant de Gréco en période pré-Swinging London .

L'adaptation du célèbre livre de Nick Hornby n'est pas un chef d'oeuvre , ce qui en soit est finalement presque rassurant : l'imperfection existe , et les faiblesses de ces moments rétros fugaces en font sa force . Quelques dialogues en français , une gaucherie touchante de la part de l'héroïne , différente des stéréotypes de la "niaise  soap" et la magie opère . Explication en image :


L'accroche du film est très classique . Elève excellente , Jenny , 16 ans , est promise à un avenir prometteur ( l'université d'Oxford ) , largement encouragée ( voire poussée ) par ses parents .  Très intelligente et vive d'esprit , la vie pourrait tranquillement suivre son cours si une rencontre fortuite n'allait pas tout chambouler l'univers studieux de la jeune britannique :



Cette scène est un peu simplette je vous l'accorde , mais m'a fait sourire . Entre le visage très expressif de Mulligan et l'humour British de David le gentleman , le tout baigné de cette atmosphère très anglaise ( it's raining cats and dogs ) , on voudrait presque visionner ce film sponsorisé par la BBC avec une bonne tasse de thé Earl Grey.



Beaucoup de critiques ont détesté ce film , semblent l'avoir pris au premier degré , et cassé du sucre sur son dos sans compter . J'aurais pu également ( et presque trop facilement ) démonté cette "comédie dramatique" sans concession ; mais en la considérant sous un angle complètement différent , j'ai pu en apprécier la sincérité , peut-être hypnotisée par la langue anglaise qui honore le film ( que je préfère souvent à l'accent haché américain habituel ) .



Yvan Attal * pousserait un soupir :  - encore un long' de "clopins clopant"! - même si à l'époque la cigarette avait une symbolique assez différente : Comme une" bouffée d'air pur" ( voyez le paradoxe ) dans une école pour filles frigide , la clope desserre les cravates et semble faire partir en fumée les doutes , l'incertitude qui remuent les esprits de ces demoiselles . Hormis peut-être pour les gossip girls qui escortent l'héroïne , qui semblent attribuer cette pause fumette à une perversion quotidienne . Comble du chic à l'époque , le fait de fumer rend plus distingué et est directement associé - du moins dans le film - à l'élégance française de l'époque ( COCO CHANEL  ! Un délice prononcé à l'anglaise !) .

* Le mari de Charlotte Gainsbourg a en effet réalisé un spot contre le tabagisme disponible dès à présent sur Youtube .



Le décor est donc typiquement anglais : Au programme : Tartan , uniformes , voitures d'époque et lotissements en brique . Pas très novateur mais toujours agréable .



Le film doit en partie sa fraîcheur à l'actrice principale et à sa bouille juvénile émerveillée par ce monde dandy et érudit qui s'ouvre à elle . Son interaction maladroite avec les adultes est parfaitement interprétée , tout comme ses regards et rires nerveux qui contrastent avec les autres personnages d'âge mûr . Loin du prototype hollywoodien ( grande blonde à  silhouette de barbie ) , Carrey irradie sans artifices tout au long de l'histoire .



Une scène assez amusante où Jenny chantonne en Français sur des vinyles d'époque . Entre l'étude de Camus et sa passion pour Jacques Brel et Juliette Gréco , le film est une ôde artistique au fantasme parisien .



Une lumière dorée baigne le monde du luxe , de l'élite . Mon personnage préféré est sans conteste celui de la femme du couple d'amis de David , attachante malgré son ignorance  , et qui témoigne d'un grand respect , d'une sorte de relation maternelle envers Jenny . Si on attitude parait un peu réaliste , on se plait à penser que la différence d'âge puisse s'effacer au profit d'une amitié intergénérationnelle .



Le père de Jenny , croisement étonnant entre l'oncle Vernon d'Harry Potter et de Fernandel , est aussi épatant  que sa compagne , éternelle midinette charmée par son futur gendre . Escapades à Oxford ou concerts de Ravel : le "package" est alléchant pour cette famille relativement modeste . Un tableau un peu kitsch tendrement grinçant ( voir le film en entier pour comprendre ! ) .



Beaucoup de scènes du film se déroulent dans la cuisine ( aux coloris maison de poupée microbe ) . En bonne ménagère , la mère y a majoritairement son poste , mais un vent de féminisme souffle néanmoins près du lave vaisselle : Ici la mère de Jenny a le droit de prendre une décision et d'observer son mari récurer les plats à gratin . Une révolution très caractéristique de l'époque .



Dès l'instant où Jenny commence à mener la belle vie avec ses nouveaux accolytes élégants , le film devient foncièrement stylé . Ici , de l'imprimé léopard très en vogue aux accessoires en cuir en passant par les jupes crayons :toutes les tendances de l'hiver prochain sont pratiquement réunies dans ce film .





Amateurs d'arts , le couple d'amis de Jenny et David exhibent leur richesse dans un somptueux appartement auxquels ils sont parfaitement assortis . Très chic et très louche ...



A s'y tromper , les deux tourtereaux utilisent un Leica sur les parvis de Paris  ... Stylé ce film je vous l'avais dit . Quoiqu'un peu cliché ?



Une scène de Breakfast at Tiffany's ? Carrey Mulligan - qui vient de recevoir un Oscar - serait-elle la nouvelle Audrey Hepburn ? Je vous laisse découvrir d'autres images extraites des dernières minutes du film , qui le rend nettement moins propret et fleur bleue . Une chute plausible et une épilogue correcte . On repart avec l'envie d'écouter Gréco en fumant ces longues cigarettes violettes très Swinging London . Nocif vous avez dit ?






1 commentaire:

Clémence a dit…

Et bien ,tout cela donne très mais alors TRES envie =D !