mardi 5 avril 2011

Toute la magie de ta station ESSO


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Les longs voyages interminables à quatre roues sont généralement entrecoupés de haltes à durée variable , dans des aires nichées au cœur de la campagne portant le nom trivial de "stations services" . Curieusement , les souvenirs de ces repères de camionneurs assoiffés et de familles nombreuses dépassées sont bien ancrés dans ma mémoire . Les stations invoquent parfois des concepts débiles , comme des expositions éphémères sur les animaux de la région ( c'est vrai qu'on meurt tous d'en savoir plus sur la faune de la Rochelle ) , ragondins empaillés compris ( un traumatisme toujours d'actualité ) mais aussi ces immenses pelouses où il est interdit : 1. de dévorer son sandwich 2 . de s'asseoir 3. De s'asseoir en dévorant son sandwich avec un ragondin ( sacrilège ! ) .

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Sans parler des jets d'eau extérieur/douches/pissotières qu'on confond régulièrement avec les installations "artistiques " installées par le conseil régional . Et ce n'est pas tout , il y a aussi les prix de la nourriture , une hérésie ! A 2 € le Bounty tu as intérêt de repartir en prenant une photo avec le contrôleur ESSO en souvenir . Quant aux cantines d'autoroutes , malgré les belles appellations " Menu fraîcheur" , " Recettes estivales "malines" ( en quoi une recette peut être rusée vous m'expliquerez ? ) , tout ce qui est frais ou malin ici est d'amener son pack lunch tel un écolier britannique discipliné.

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Malgré toutes ces contrariétés , cette courte escale reste pourtant magique ( hum ? ). J'ai souvent observé des détails sociologiques propres à ces espaces "familiaux" : la proportion ploucs/touristes hollandais , les rations frites puissance 10/salades faussement diététiques ( entendez plus grasses que lesdites frites) , les pourcentages chiens/enfants saveur déjections ... Cet univers relève d'une poésie sans pareille ...

Il y a aussi l'architecture , qui rivalise d'inventivité pour séduire les conducteurs lassés des décors routes pointillées/champs bovins . Si certains s'apparentent plus à des bunkers , d'autres s'avèrent des structures éco-responsables avec ponts en bois bio-dégradables pour traverser la quatre-voies championnes d'émission de CO2 en toute sérénité. Ces endroits dégagent une aura surnaturelle , on a envie d'y visiter chaque recoin , même les toilettes .

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Tout y devient fascinant , y compris les packs géants Femme Actuelle à 4 € rangés pêle mêle avec des revues de routiers en manque . On a comme l'impression que le commun des mortels vient y passer des instants de grâce. Peut-être parce qu'un trajet en voiture s'apparente à un supplice pour certains. Pas pour moi en l'occurrence , mise à part l'odeur de désinfectant de voiture assez insupportable . J'ai du lire une centaine de livres ( notamment des road trip à la Jack Kerouac) et magazines à l'arrière , terminé une bonne pile de mots fléchés ( j'assume mes hobbys troisième âge ) et écouté près de 800 h de musique .

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En sortant , on se sent fourbu , comme culs de jatte , nauséeux , on ne peut que siroter du liquide et là le sigle de cette cheminée avec tasse de café/lit apparait comme une lumière subliminale .On se dit alors que nous , pauvres êtres encastrés dans des véhiculés bourrés jusqu'à explosion du coffre , sommes aussi misérables qu'humains et heureux de partir en vacances . On est comme déconnectés de la civilisation et parfaitement dans l'air de la banalité quotidienne. Nous ne sommes pas des héros de road movie .

Photos du livre Food on the Move de David Lawrence ( source : Wallpaper Magazine )

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1 commentaire:

Clémence a dit…

Article génial .